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Par Serge de Visme, Mai 1995
Le passage biblique : Marc 4, v.35-41 |
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(35) Ce même jour, sur le soir, Jésus leur dit : Passons à l'autre bord. (36) Après avoir renvoyé la foule, ils l'emmenèrent dans la barque où il se trouvait ; il y avait aussi d'autres barques avec lui. (37) Il s'éleva un grand tourbillon, et les flots se jetaient dans la barque, au point qu'elle se remplissait déjà. (38) Et lui, il dormait à la poupe sur le coussin. Ils le réveillèrent, et lui dirent : Maître, ne t'inquiètes-tu pas de ce que nous périssons ? (39) S'étant réveillé, il menaça le vent, et dit à la mer : Silence ! Tais-toi ! Et le vent cessa, et il y eut un grand calme. (40) Puis il leur dit : Pourquoi avez-vous ainsi peur? Comment n'avez-vous point de foi ? (41) Ils furent saisis d'une grande frayeur, et ils se dirent les uns aux autres : Quel est donc celui-ci, à qui obéissent même le vent et la mer ? |
Les enracinements géographiques, culturels, des auteurs bibliques ont fait que, dans la Bible, l'élément eau a été "traduit" de manières très différentes. Là où les crues des grands fleuves étaient maîtrisées et permettaient l'irrigation des limons, la culture et donc la richesse, l'eau était une bénédiction (contexte de Genèse 2,4 et suivants); là où les torrents débordaient emportant tout et là où les tempêtes ravageaient brutalement les rives bâties ou cultivées, l'eau était une menace grave, mortelle (contexte du récit de Genèse 1; il suffit aussi de penser au récit du déluge). Pour le dire vite : un peu d'eau donne la vie (une bénédiction), beaucoup d'eau est une menace pour la vie. L'hébreu nomade des terres arides du désert aime la source jaillissante qui donne vie à l'oasis; mais il craint l'eau toujours mouvante (et qui ne laisse pas pénétrer la lumière bien profondément) de la mer. Un peu d'eau est symbole de vie; l'eau devient même (ainsi chez Esaïe par exemple) symbole de l'Esprit de Dieu qui arrose les vergers d'Israël. A l'opposé, les grandes eaux représentent la mort. Le baptême chrétien reprend à la fois les deux idées, de mort : le baptisé plongé dans l'eau disparait de la terre des vivants dans les abîmes, comme Christ, avec Christ mort sur la croix; et recevant quelques gouttes d'eau il reçoit la vie du Christ.
Des textes des Evangiles mettant en scène Jésus marchant sur les eaux (Mt 14, 22-33) ou dominant la tempête sur le lac de Tibériade (notre texte : Mc 4, 35-41) expriment, par l'image, une seule conviction : Jésus est celui qui domine le monde des grandes eaux, c'est-à-dire le monde de la nuit, le monde de la mort, Jésus est le Ressuscité. C'est très probablement cette image de Jésus marchant sur les eaux qui est la plus ancienne manière d'exprimer la résurrection du Christ dans l'annonce de l'Evangile par les premiers chrétiens. La tempête, c'est le chaos faisant irruption dans la création; en calmant la tempête, c'est-à-dire en séparant les éléments du chaos, Jésus remet la création en ordre.
Partie gauche : les grandes eaux menacent d'engloutir la vie (la
barque humaine), de la broyer, de l'entraîner dans le chaos et la nuit des
abîmes. Les vagues sont des faux, des aiguillons de scorpions, des serres
d'oiseaux de proie, enfin une main de violence (ci-contre).
Partie droite : une main se dresse face aux grandes eaux ("Silence ! Tais-toi !"); toute en courbes (paix), elle apaise la violence; mais à quel prix ! Cette main de vie est arrêtée dans son mouvement, immobilisée par ce clou planté en elle par les hommes. Derrière la main dressée sur les eaux, l'eau n'est plus en chaos mais calme. Et la terre des vivants retrouve un horizon, un continent où vivre.