Accueil | La Bible | Etudes bibliques | Portraits | Confessions de foi | A méditer | Liens |
Au cours de cette méditation, nous allons "suivre Jésus", essentiellement à travers l'évangile de Marc. Nous relirons quelques épisodes de sa vie en nous arrêtant sur cinq verbes: voir, écouter, toucher, sentir et goûter, cinq verbes propres à nous faire mieux entrer dans le mystère de l'Incarnation.
Avant d'ouvrir l'évangile de Marc au premier chapitre, je pense utile de réfléchir à la façon dont Dieu lui-même, le Dieu créateur, le Dieu d'Israël, s'adresse à son peuple dans l'Ancien Testament.
Nous le savons, Dieu ne se montre pas face à face, tant il
est saint. Il parle, et il donne un signe visible de sa
présence: nuée dans le désert, buisson ardent,
arche d'Alliance. Par deux fois, Dieu va de la même
façon authentifier la mission du Christ: lors de son
baptême et lors de sa Transfiguration. Relisons les versets 7
et 8 de Marc 9: "Une nuée vint les recouvrir, et il y eut une
voix venant de la nuée: celui-ci est mon fils
bien-aimé. Écoutez-le".
Ainsi, la vie du Christ est ponctuée par deux manifestations
fondamentales. Au moment où les cieux s'entr'ouvrent, une voix
se fait ENTENDRE, un signe se donne à VOIR, - colombe au
baptême, nuée sur la montagne et vêtements
resplendissants.
Voix et Signe manifestent à la fois la présence de Dieu
et sa délégation de pouvoir au Fils unique.
Ouvrons maintenant l'évangile de Marc et avec cet
évangéliste entrons de plain-pied dans le
ministère de Jésus. C'est d'abord le verbe VOIR qui
retient l'attention. Observons Jésus lorsqu'il choisit ses
quatre premiers disciples (lire Marc, 1, 16 à 20).
Jésus voit, c'est-à-dire qu'il discerne une
réalité intérieure. Jésus voit que ces
quatre hommes l'attendent, qu'ils vont le suivre sans questions ni
hésitation. Jésus voit donc ce qui est caché, et
pour nous en convaincre il nous suffit de lire dans Jean l le
récit de la rencontre du Christ et de Nathanaël (lire
Jean 1, 43 à 51). Jésus discerne la foi des amis du
paralytique de Caphernaüm (lire Marc 2, 4 à 5). Marc est
décidément très sensible au regard de
Jésus. Il nous décrit aussi Jésus sondant les
coeurs et les reins (lire Marc 3, l à 5 et 3, 32 à
34).
Prenons le temps de méditer. Oui, Jésus voit clair en
nous. Mais nous, qui ne pouvons le voir? C'est Pierre qui
écrit si justement dans sa première épître
"Lui que nous aimons sans l'avoir vu, en qui nous croyons sans le
voir encore" (1 Pierre l, 8). Nous sommes dans le temps de
l'Église, entre deux manifestations visibles du Christ, entre
son incarnation et son retour. C'est le temps de la foi. Voici ce
qu'en dit M. Bouttier : " La joie de l'Église est
déjà là: heureux ceux qui n'ont pas vu et qui
ont cru!... Libérée de l'équivoque du temps de
l'incarnation, l'Église a reçu le Saint-Esprit, le
témoin qui lui permet de saisir la plénitude de ce qui
a été vu et salué de loin par les
prophètes, et contemplé par les apôtres... C'est
pour cela que l'épître aux Hébreux nous invite
à "regarder à Jésus", principe et fin de notre
foi. Attachée à la personne de Jésus, la foi
chrétienne est désormais un regard (cf. Vinet). Et pour
que ce regard ne se perde pas dans l'irréel d'une mystique
désincarnée, l'Écriture cherche à le
ramener sans cesse à ces signes visibles et immédiats
qui nous sont donnés, gages accordés à nos yeux
de la réalité de la vie du Christ: le visage de notre
prochain, la communauté de l'Église - corps visible du
Christ -, l'eau du baptême, le pain et le vin de la
Cène".
Reprenons notre itinéraire sur les pas de Jésus.
Attachons-nous au verbe ÉCOUTER. Au milieu de la foule
bruyante, Jésus distingue les supplications, les appels
à l'aide, les cris aigus de l'aveugle Bartimée : "Fils
de David, aie pitié de moi". Il entend aussi les disputes, les
réclamations, les exclamations scandalisées :
dès le chapitre 2 de Marc, il entend les pharisiens
l'interpeller: "Regarde ce que tes disciples font le jour de Sabbat!
Ce n'est pas permis." Et plus loin, "Quoi, il mange avec les
collecteurs d'impôts et les pécheurs?" Et même ses
amis ne lui épargnent pas les apostrophes. C'est Marthe qui
récrimine: "Seigneur, cela ne te fait rien que ma soeur m'ait
laissée à faire le service? Dis-lui donc de m'aider!"
Jésus entend tout cela, il s'attache à répondre
à tous, il ne ferme ni ses oreilles ni son coeur. Il entend
aussi les questions piégées, dangereuses. Il ne les
élude pas. Voici les scribes et les grands prêtres (dans
Marc 11): "En vertu de quelle autorité fais-tu cela?" Voici
les Hérodiens et les Pharisiens (dans Marc 12): "Est-il
permis, oui ou non, de payer le tribut à César?" Et
puis les Sadduccéens, encore dans Marc 12: "À la
résurrection, quand les sept frères ressusciteront,
duquel d'entre eux sera-t-elle la femme?" Jésus prend en
compte toutes les questions, même les plus incroyables,
même les histoires inventées de toutes
pièces.
Quelle leçon pour nous qui protégeons si souvent notre
tranquillité en faisant les sourds! Jésus nous dit:
"Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende!" à
prendre d'abord au premier degré. Mais cela reste insuffisant.
Chaque fois que Jésus a adressé cette parole à
ses disciples, il a aussi voulu leur dire: que celui qui a les moyens
de comprendre, comprenne! Tâche immense. Il y faut le
Saint-Esprit. A nous de le demander de toute notre âme.
Suivons de nouveau Jésus, approchons-nous jusqu'à
voir les mains de Jésus Toucher. Marc raconte au chapitre 8,
versets 22 à 26, la guérison d'un aveugle à
Bethsaïda (à lire). Et nous nous réjouissons que
l'aveugle retrouve la vue en conservant le souvenir physique de ces
deux impositions des mains sur ses yeux malades. Mais que dire du
lépreux, au 1er chapitre (lire Mc 1 : 40 à 42)?
Jésus touche un réprouvé, un impur. Il se met
hors la Loi. Nous connaissons encore beaucoup de récits de
miracles où Jésus tend la main, saisit le malade et
l'aide à se redresser. Pensons à la fille de
Jaïrus. Ce que nous aurions tendance à oublier, c'est la
pression physique de la foule. Marc nous la rend sensible au chapitre
3 (lire les versets 7, 9 et 10). On peut comprendre que les disciples
voulant assurer la sécurité de Jésus essaient
parfois d'écarter les importuns. Alors Jésus proteste.
Même les plus petits peuvent l'approcher (lire Mc 10: 13
à 16).
Prenons le temps de méditer. Jésus, la Parole faite
chair, nous signifie le Royaume de Dieu par des actes. Vraiment, le
Royaume de Dieu s'est approché de nous jusqu'au contact, de
peau à peau. Le Christ n'a-t-il pas offert à Thomas de
mettre son doigt dans la plaie de sa paume, de mettre sa main dans la
plaie de son côté? Heureux, ai-je envie de dire, ceux
qui n'ont pas touché et qui on cru!
Pour me résumer, nous avons suivi Jésus sur les routes de Palestine, allant à la rencontre des foules. Il voit, il écoute, il tend la main et touche. Ce n'est pourtant pas un voyage ordinaire, une promenade touristique. C'est un chemin de croix. C'est le chemin de la Croix. A Béthanie, Jésus accepte qu'une femme lui verse sur la tête un parfum précieux. Relisons Marc 14, les versets 3 à 9. Jésus SENT l'odeur puissante du nard. Il sait et il dit que l'offrande de parfum est une onction. C'est donc un geste prophétique que la femme a accompli. Elle a oint un Roi, un Prêtre. Elle proclame qu'elle s'agenouille aux pieds du Messie. Et Jésus peut alors annoncer sa mort prochaine, son embaumement nécessaire.
Nous accompagnons maintenant Jésus au calvaire. Marc nous dit au chapitre 15 que quelqu'un présenta au supplicié une éponge pleine de vinaigre. Il semble que Jésus n'y GOUTÂ pas.Mais nous pouvons méditer sur ce vin aigri, sur toutes les occasions où un vin meilleur avait été versé à Jésus : depuis les noces de Cana jusqu'au vin de la Pâque juive, et bien sûr jusqu'au vin de la Cène. Symbole de la fête, de la joie partagée, comme d'autres nourritures plus quotidiennes. Souvenons-nous des pains et des poissons multipliés, offerts pour la vie de la multitude.
Je vous propose, en guise de méditation finale, un texte dont je ne connais pas l'auteur:
Dieu n'a pas d'autres mains que nos mains pour faire du bien.
Dieu n'a pas d'autres yeux que nos yeux pour regarder avec amitié.
Dieu n'a pas d'autre bouche que notre bouche pour dire les paroles de la réconciliation.
Dieu n'a pas d'autres oreilles que nos oreilles pour écouter les plaintes.
Dieu n'a pas d'autres apôtres que nous pour donner son Royaume aux hommes d'aujourd'hui.
Amen.
Guilaine Krug