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Le discours sur la résurrection se développe dans une série de contrastes. Christ est là et n'est pas là ; il est présent-absent, absent-venant, apparaissant pour disparaître immédiatement. La surprise est constante. Inattendu, il est là sans pouvoir être retenu, il est déjà plus et encore à venir. Il est Autre.
Roland Sublon
Le discours sur la croix est lié à cette ligne d'interprétation de la résurrection. Mais c'est l'expérience des premiers disciples, la foi qui naît à Pâques, qui est première chronologiquement et va inverser le regard sur la croix. La croix n'est plus vécue comme l'échec de leur Maître, mais comme une victoire de la vie. Victoire qui crée une nouvelle relation avec Jésus-Christ : le Seigneur. C'est le passage du "Jésus de l'histoire" au "Christ de la foi". Mort et résurrection ne sont pas comprises deux évenements distincts mais comme le retournement du sens de la croix : la défaite de la mort sur la croix signifie la Vie.
Et c'est alors qu'on peut interpréter la croix en lui donnant un sens de "rédemption" : "Christ est mort pour nos péchés, selon les Ecritures". Cela constituera un courant théologique majoritaire qui repose sur un schéma de pensée sacrificiel. Mais un autre courant, que l'on peut qualifier d'initiatique, insistera plus sur les effets de salut pour le croyant. Parce que Jésus a révoqué la nécessité d'un sacrifice, sa mort est une réalité humaine. Elle exerce une action libératrice qui permet une vie transformée en acceptant la souffrance et la mort. Le scandale de la croix délivrerait de rêves d'immortalité.
Une chose est sûre : la mort rédemptrice "pour expier le péché du monde" n'a jamais été formulée par Jésus lui-même. C'est pouquoi les quatres évangiles ont cherché à donner sens à la croix, selon une interprétation des Ecritures qui soit la plus parlante pour des lecteurs de cultures différentes. Ainsi il est significatif par exemple que la dernière parole du Christ sur la croix ne soit pas le même selon les évangiles : Marc et Matthieu citent le Psaume 22 "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?" alors que Luc préfère le Psaume 31 : "Père, entre tes mains je remets mon esprit", Jean insistant sur un "tout est achevé".
Cette liberté d'interprétation "selon les Ecritures" est bénéfique pour nous, puisqu'elle nous délivre de la recherche du sens unique : un seul sens dogmatique, pour tous les chrétiens. La pluralité de sens et de non-sens est par exemple bien mise en évidence par Paul quand il s'adresse aux Corinthiens : "Nous prêchons un messie crucifié, scandale pour les juifs, folie pour les païens". Et aux Galates : "Avec le Christ, je suis un crucifié : je vis, mais ce n'est plus moi, c'est Christ qui vit en moi... Je ne rends pas inutile la grâce de Dieu car si par la loi, on atteint la justice, c'est donc pour rien que Christ est mort".
Chaque croyant est, de tout temps, renvoyé à ses questions sur la croix. Le Christ reste "Autre" qui attend du sujet une prise de position personnelle. Tout comme les premiers chrétiens se sont sentis confrontés après coup à la question : "Comment est-ce possible que celui qui est ressucité, celui en qui l'on reconnait qu'il est le Seigneur, ait pu subir la mort et une mort infamante sur une croix ?"
Olivier MAES
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