Grandes questions de foi protestante
L'église, vécu communautaire et engagement personnel
Le mot "Eglise" vient d'un terme grec signifiant "appelés dehors. Pour
parler de "l'Eglise", les Ecritures utilisent soit ce mot, relativement rare,
(que dans l'Evangile de Matthieu 16 v.16-18 ou 18 v.16,17 ; beaucoup
plus fréquent dans les Epîtres) soit un langage imagé : le peuple de
Dieu, l'édifice de Dieu, la vigne dont le Christ est le cep, le troupeau dont
Dieu ou le Christ est le berger, l'épouse du Christ, le corps du Christ. A
partir de l'oeuvre rédemptrice accomplie par Dieu en Christ, ces termes se
prêtent à une définition de l'Eglise, c'est-à-dire l'effet produit par cette
oeuvre sur les croyants : leur rassemblement en une unité ordonnée à Dieu
et à Jésus-Christ.
Les confessions de foi de l'Eglise ancienne professent quatre signes
définissant l'Eglise : unité, sainteté, catholicité et
apostolicité. L'Eglise est :
- une : "comm-union" de tous ceux qui croient en Jésus-Christ,
non pas parce qu'ils partagenttous la même foi, mais parce que Dieu est
un et unique, ainsi que sa seule parole qui devient homme en Jésus-Christ seul.
Cette unité est à l'image du Dieu trinitaire et ne doit pas être confondue avec
"uniformité" (voir 2 Corinthiens 12)
- sainte, dans son appartenance à Dieu. L'alliance entre Dieu et son
peuple, la nouvelle alliance en Jésus-Christ, fait de ce dernier un "peuple
saint", dans le double sens du mot biblique sanctifié, c'est-à-dire
"pardonné, justifié par son Sauveur et serviteur de son Seigneur" (d'où
le "sacerdoce universel", complété par le point suivant)
- catholique (universelle), non pas parce qu'elle est partout l'Eglise
ou la seule Eglise pour tous, mais universelle parce qu'elle a la tâche
d'annoncer la seule seigneu-rerie de Jésus-Christ au monde entier (d'où encore
le "sacerdoce universel)
- apostolique : "missionnaire" (voir Matthieu 28 v.18-20). Est
apostolique l'Eglise qui, basée sur la parole de Dieu et établie sur le
témoignage de ceux qui l'ont transmise, demeure fidèle à ce témoignage et à la
mission qui lui est confiée. L'Esprit-Saint qui peut seul conduire l'Eglise
afin que "la Parole soit prêchée et écoutée purement", (cf. Luther et
Calvin) "et pour que les sacrements soient administrés selon l'institution
du Christ".
La question à laquelle répondaient les grands conciles des premiers siècles
était de savoir comment reconnaître la vraie Eglise et la distinguer de la
fausse. Mais aujourd'hui, la question des "marques" de l'Eglise se
déplace : la sécularisation de la culture et de la société, la quête de la
spiritualité exigent que les "marques" de l'église définissent quelque chose de
notre identité chrétienne (cf. K. Barth, Dogmatique vol.25 pp.101, 110 de
la traduction française). Une diversité de besoins se sont manifestés ces
drenières années et, au-dela des marques classiques qui définissent l'Eglise,
ils aspirent à une reconnaissance et identification par l'Eglise (non pas d'une
valeur normative en théologie, mais d'élaboration existentielle pour être reçus
par l'Eglise en examen évengélique) :
- besoin de militance : mobilisatrie et coûteuse, la militance
cherche depuis longtemps des formes ecclésiales aptes à lui assurer
consistance, clairvoyance, continuité. L'Eglise n'est pas l'Eglise du Christ
parce qu'elle est militante, mais parce que sainte et donc servante. L'Eglise
doit permettre au militant de se réapproprier la marque de disciple au service
du maître.
- besoin cultuel : nécéssité de retraite, d'acceuil, de silence,
de célébration autre que traditionnelle. La rigueur théologique et
ecclésiologique nous permettent de ne pas être prisonniers d'une ecclésiologie
implicite mais de faire fructifier les possibilités prometteuses qui surgissent
parmis nous. Une Eglise multitudiniste n'est pas une condition pour l'annonce
de l'Evangile.
- besoin d'identification : le sacré et le religieux réemergent -
sous des formes aussi variées que nombreuses - dans notre société sécularisée.
L'Eglise ne peut y rester indifférente. Même dans ses formes historiques, elle
doit permettre l'espérance pour les hommes d'être identifiés et respectés même
dans la singularité. Ainsi doit se trouver la marque sacramentielle de son
baptème et de la cène. L'Eglise fidèle au christ se doit d'être alertée sur les
attentes de ses contemporains parmi lesquels Il ne cesse de l'interpeller.
Axel VAN DER LINDEN
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Ce document est le résumé de l'une des six conférences-débat ayant eu lieu
dans le Secteur Paris Rive-Gauche de l'Eglise Réformée de France, au cours des
mois de Mars et d'Avril 1998.
Soli Deo Gloria
-
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