Soli Deo Gloria
Accueil La Bible Etudes bibliques Portraits Confessions de foi A méditer Liens

Grandes questions de foi protestante

Salut et conversion

 

La préoccupation du salut occupe dans l'histoire de l'Eglise une place prépondérante.

La prédication du Royaume de Dieu est au centre du message du Nouvau Testament.

L'omniprésence de la mort (famines, guerres, épidémies) conduit les chrétiens à espérer dans l'au-delà, bien plus que de l'ici-bas. Ce n'est que récemment, dans les pays industrialisés, que l'idée d'une valeur en soi de la vie terrestre se fait jour. Jusqu'alors la vie terrestre ne prend son sens qu'en fonction du rôle qu'elle doit jouer dans l'acquisition de la vie après la mort,

Deux influences essentielles pour comprendre les débats sur le salut : l'héritage biblique et l'héritage philosophique, qui s'interpénètrent à des degrés divers.

On sait que la théologie de Luther part de la préoccupation du salut, et qu'elle se construit sur le rejet de l'apport philosophique. Cela veut dire la négation de tout discours pertinent sur Dieu à partir de l'observation de la nature ("En résumé, la nature n'a ni juste commandement ni volonté bonne") comme sur la dénonciation des théologies médiévales élaborées avec le concours de la philosophie grecque ("On ne fait pas de théologien, sinon sans Aristote"). Les deux citations sont les thèses 34 et 44 de la controverse contre la théologie scolastique, 1517 (Labor & Fides, tome 1 page 98). A sa suite, les théologies protestantes cherchent à élaborer une théologie exclusivement biblique (sola scriptura) ce qui ne signifie pas toujours une totale fidélité à ce principe, tant l'influence du temps est souvent importante, et d'autant plus qu'elle est inconsciente.

Elaboration d'une théologie biblique du salut

Désert

Si le thème de la vie après la mort apparaît massivement dans le nouveau Testament, il n'arrive qu'à la toute fin de l'Ancien. La raison en est que l'élalobaration d'une sotériologie ne peut se concevoir que comme une relecture, post-exilique, de l'histoire du peuple hébreu. L'exil rend en effet impossible une lecture au premier degré de cette histoire, qui devient alors parabole du salut.

  1. Une théologie biblique se construit à partir de l'histoire, telle qu'elle est racontée. Dans cette perspective, l'Exode apparaît comme la naissance du peuple, la Genèse comme une préhistoire. Cette position est incompatible avec les théologies qui désirent incorporer un apport philosophique. L'affaire du catéchisme "Pierres vivantes" a montré le refus du Vatican d'un enseignement faisant de l'Exode le début de l'histoire, et de l'histoire le lieu du sens.
  2. Cette histoire raconte ceci :
    - Au commencement est un esclavage et devenir un peuple, signifie sortir de cet esclavage.
    - Dieu seul est l'auteur de cette libération. Les récits prennent soin de rendre impossible toute interprétation qui ferait des hommes les coopérateurs de la sortie d'Egypte.
    - Le temps du désert est un temps pédagogique. La liberté ne va pas de soi, le désir de retourner en Egypte est souvent exprimé. La liberté apparaît comme l'acceptation d'une dépendance confiante envers Dieu, jour après jour (la manne, l'eau). Elle est difficilement compatible avec l'installation, la planification, les prévisions. Elle met en valeur les relations et la disponibilité au changement.
    - La loi joue un rôle essentiel dans cette pédagogie. Celle-ci a deux visées : - Le don est fait d'un pays où coulent le lait et le miel, gardé par des habitants effrayants (les géants), mais que Dieu permettra de conquérir (voir Nombres 13-14).
  3. La prise de Jérusalem, la destruction du temple et de la royauté, la perte de la terre promise rendent impossible une lecture au premier degré de cette histoire. Elle devient progressivement parabole de la vie humaine, ce qui lui confère un statut universel. Ainsi l'histoire de ce peuple, détail de l'histoire universelle, devient une Parole adressée à tous.

    L'esclavage, appliqué à la personne, demande l'élaboration du concept de péché. Inscrit dans la Genèse, le péché n'est pas une faute concrète sexuellement transmissible, comme le pensaient souvent les Anciens, mais bien ce qui structure l'Homme se posant lui-même comme dieu. Le péché n'est pas synonyme de mal, il se place en amont, comme refus de Dieu, filiation manquée, et par voie de conséquence relations avec l'autre sous le registre de l'avoir/pouvoir (Caïn et Abel).

    Le désert est la parabole de la vie sur terre, lieu où l'Homme est placé devant le choix d'avancer avec Dieu, hors de toute sécurité, ou de rester dans la structure du péché. Sous la structure du péché, la loi est déviée de son but et devient un espace que l'homme investit pour se faire reconnaître des mérites (Jésus et les Pharisiens, par excellence l'histoire du jeune homme riche).

    La terre promise est la préfiguration du Royaume, et pratiquement, à mesure que l'espérance d'un proche retour du Christ s'estompe, le lieu de la vie après la mort. La peur de cette mort trouve une représentation dans les géants, le fait de mourrir, puis d'être baptisé s'illustre par la traversée du Jourdain.

    Le ministère, la mort et la résurrection de Jésus-Christ, récapitulant tout cela attestent dans sa vie même que telle est bien la Parole de Dieu.

    Désert

    Le salut dans la dogmatique. Les conceptions en présence

    Une première conception, de philosophie optimiste, tend à s'élaborer à partir de la création de l'homme à l'image de Dieu, donne à la grâce la fonction de restaurer l'homme en effaçant le péché originel, et l'institue ensuite responsable, avec l'aide de Dieu qu'il lui faudra solliciter, de son salut. Très présente dans le catholicisme, cette conception se rencontre aussi dans le protestantisme, dans le méthodisme et les courants spirituels qu'il a inspiré.

    L'accent porte sur les qualités morales et spirituelles que l'homme doit acquérir pour être agréé par Dieu. Il y a une forte insistance sur une sanctification cherchant une certaine perfection ("Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait"). Toujours dépendante de la liberté humaine, la foi peut se perdre. L'homme, pour une part, vivra pour être sauvé, et attendra de son Eglise qu'elle le garde et l'accompagne sur sa route.

    La conception des Réformateurs est unanimement prédestinatienne (Il est faux de faire de Calvin l'inventeur de la predestination. Avant les Réformateurs, Thomas d'Aquin, Augustin et Paul en avaient parlé) : Dieu est l'auteur de tout, le salut est l'effet de la grâce souveraine de Dieu, qui sauve qui il veut et qui laisse qui il veut dans le péché. La foi est la marque de cette grâce, elle est aussi don de Dieu et donc ne saurait défaillir. Il appartient certes à l'homme de croire en Jésus-Christ pour être sauvé, mais une fois qu'il sera converti, cet homme s'apercevra que c'est Dieu qui est l'auteur de sa conversion. La sanctification visera surtout la transparence. L'homme n'a pas besoin de se perfectionner, mais de perfectionner sa capacité à communiquer l'Evangile. Il vivra parce qu'il est sauvé, emporté par la dynamique de la foi.

    A partir du siècle des Lumières, l'anti-humanisme de cette position pose de plus en plus de problèmes et choque les consciences. Une troisième conception prend alors de la vigueur, Il s'agit de l'universalisme, qui postule que Dieu doit sauver tous les hommes. Cette conception sépare la vie terrestre de la vie de l'au-delà. La vie terrestre devient en elle-même l'enjeu, ce qui risque de conduire à un certain moralisme. Outre qu'elle ne sait que faire de nombreuses affirmations bibliques, cette conception tend à confondre en Dieu attributs et identité ("Dieu est amour" signifie-t-il Amour-Dieu ? Peut-on passer de l'affirmation "le salut est donné par la seule grâce" à l'affirmation que "la grâce est pour tout le monde" ?).

    Serge OBERKAMPF DE DABRUN


    Les droits d'auteurs de ce document sont réservés par son auteur, pour tout pays et sous toute forme de reproduction. L'auteur donne par contre le droit d'utilisation personnelle ou collective du document présent pourvu qu'à la fois l'auteur et le moyen d'obtenir ce document, et au moins l'adresse actualisée de cette page, soient cités explicitement, par écrit si possible. De plus, en cas de lecture personnelle ou publique de ce texte, l'auteur apprécierait beaucoup que vous le lui disiez.
    Ce document est le résumé de l'une des six conférences-débat ayant eu lieu dans le Secteur Paris Rive-Gauche de l'Eglise Réformée de France, au cours des mois de Mars et d'Avril 1998.

    Soli Deo Gloria - http://www.chez.com/sdg/